Programme: https://assets.loupbrun.ca/au-theatre/je-suis-un-produit-programme-compressed.pdf
Crédits
Production: Simoniaques Théâtre en codiffusion avec La Manufacture
Texte et mise en scène: Simon Boudreault
Distribution:
- Éric Bernier
- Alexandre Daneau
- Louis-Olivier Mauffette
- Houda Rihani
- Catherine Ruel
Assistance à la mise en scène: Marilou Huberdeau
Décor: Richard Lacroix
Costumes: Suzanne Harel
Éclairages: André Rioux
Musique: Michel F. Côté
Vidéo: Robin Kittel-Ouimet
Résumé
Jihane, immigrante marocaine dans la quarantaine, établie au Québec, peine à se trouver un emploi. Elle décroche finalement un poste dans une boîte de marketing, dirigée par Jeff, un président qui ne recule devant rien pour parvenir à ses fins – tant pour signer des contrats que pour reconquérir son ex, un entrepreneur dans le vent.
Dans cette grinçante comédie, Simon Boudreault met en lumière l’omniprésence du marketing dans nos vies, s’adonnant à une critique d’un monde en constante représentation, prêt à tout pour briller et obtenir la faveur populaire. L’auteur offre également une réflexion sur les préjugés tenaces liés à la culture, à l’âge ou au sexe d’une personne et sur notre rapport à l’image, plus que jamais teinté par la multiplication des réseaux sociaux.
Après Comment je suis devenu musulman, Simon Boudreault nous présente sa deuxième création en tant qu’auteur en résidence à la Licorne. Produite par Simoniaques Théâtre, la pièce Je suis un produit, qu’il orchestre également, voit le jour pour une toute première fois. Comme dramaturge et metteur en scène, Simon Boudreault s’est démarqué avec Sauce brune, As is (tel quel), D pour Dieu? et Soupers.
Impressions
Mise en scène très dynamique: tables de bois sur pattes à roulettes, espace sans cesse reconfiguré. Les tables sont même retournées, couchées sur le côté, placées en barricade, formant un périmètre étouffant ou en escaliers sur la longueur. Tout l’espace scénique est utilisé, même s’il y a peu d’éléments et de relief.
Projections vidéo, souvent statiques avec motifs géométriques simples et couluers sur un mur à plsuieurs panneaux semi-panoramiques. L’écran de projection est texturé, ajoute un grain à une image/décor autrement très simple.
Interludes vidéo réguliers avec des mosaïques de «stories» et publications Instagram (code ouvertement calqué sur la plateforme même si elle n’est jamais explicitement mentionnée). Instagram comme vitrine sur nos vies quotidiennes, qu’on fait semblant de glorifier à coups de hashtags, de montages semi-créatifs pour les stories, c’est ridicule et kitsch mais franchement à peine distinct de ce qui se fait en réalité – tout le monde le fait aujourd’hui.
Interludes vidéo accopmagnés d’une musique électro de style boom-chica-boum-chica-boum-tadada assez forte. Effet kitsch new age 2010 redoublé.
Performance flamboyante d’Éric Bernier, qui occupe l’espace dialogique comme personne (au moins la moitié des répliques si ce n’est pas plus à mon avis), jeu physique très très investi, occupe un maximum d’espace scénique (il se promène toujours partout, débordant d’énergie; occupe même le tour de la scène à trottinette, c’en est presque étourdissant).
Performance inégale des autres acteurs, Houda Rihani et Louis-Olivier Mauffette en particulier, mais beaucoup moins de place laissée aux autres acteurs justement (encore une fois le personnage de boss excentrique immodéré et sans filtre qui joue gros Éric Bernier prend presque toute la place).
Certaines séquences du texte sont absolument délirantes (drôles dans leur enchaînement interminablement ridicule), texte assez ancré dans le contemporain.
Utilisation des caméras iPhone sur scène, avec projection sur les panneaux panoramiques. Valeur ajoutée? Mise en abîme de soi dans une société de l’image et de la prolifération du selfie. Déjà vu caméras sur scène pour explorer une dimension supplémentaire, mais jamais vu caméras iPhone sur scène rediffuser en temps réel, nouvel accessoire qui naturalise (ou montre la naturalisation de) la technologie dans notre quotidien.
